Le dictionnaire des mots qui ont fait la " Vie drôle d'Alphonse : B comme (Tristan) Bernard et Alphonse Allais, ou vice-versa.

En 1892, Myrthil Bernard, le père de Tristan (de son vrai prénom Paul) fait construire sur un terrain vague à Paris, une dizaine d'immeubles d'habitation. Au début de 1893, ces nouveaux immeubles sont occupés par la famille Bernard : parents, enfants, oncles, cousins. Ce qui fait dire à Tristan Bernard : "Eau, gaz et juifs à tous les étages".
Alphonse Allais et son épouse s'installe au n° 7 (troisième étage, porte gauche). Durant 3 ans Tristan et Alphonse seront voisins. L'immeuble est surnommé alors : "La maison des humoristes".
<-- caricature de Tristan Bernard par Sacha Guitry
C'est locataire de cet appartement, qu'Alphonse Allais prête à Tristan Bernard, qu'il nomme "ingénieur international", l'invention des "routes flottantes en liège pour traverser les océans" (une couche de trente centimètres de liège, épaisseur suffisante pour supporter la circulation des voitures) :
"..... on établirait un chemin flottant, formé de plaques de liège, unies entre-elles par des crampons d'aluminium. Les plaques s'ouvriraient au milieu du détroit au moyen de charnières à ressort, afin de laisser passer les navires de commerce".

A partir de 1899, Tristan Bernard, l'un des "Mousquetaires" avec Lucien Guitry et Jules Renard séjournera chez les Allais "Villa Baudelaire" à Honfleur.
Le 28 octobre 1905, jour où Alphonse Allais "enfile son posthume sur mesure", c'est Tristan Bernard et sa femme qui vont chercher Marguerite Allais à la gare du Nord et lui annoncent la triste nouvelle.
Tristan Bernard laissera de nombreux témoignages de la silhouette d'Alphonse Allais :

- " je l'ai vu déambuler sur le boulevard comme derrière un convoi
funèbre".
- " Allais se rendait compte de sa valeur. Souffrait-il d'être méconnu ? Je ne le crois pas. Il était simplement vexé dans son goût de justice, en constatant que l'esprit critique, en France, à la vue
aussi basse.

- " Alphonse Allais était un bon écrivain. Non qu'il passât sa vie avec les manchettes de M. de Buffon, en surveillant d'un oeil de puriste tout ce qui naissait sous sa plume : mais il avait une façon de parodier, de grossir les fautes de style de certains contemporains qui prouvaient certainement qu'il s'y connaissait en bonne ou mauvaise écriture".

En 1898, Alphonse Allais collaborera avec Tristan Bernard pour écrire une adaptation théâtrale de "Simple malentendu" sous le titre "Sylvérie ou les fonds hollandais". La "première" de cette pièce sera jouée sur la scène du théâtre des Capucines à Paris et en 1954, au Grenier à sel, à Honfleur par Henri Jeanson et Martine Carol pour les cérémonies du centenaire de sa naissance.
Tristan Bernard par Jean Veber
(Merci à Jean-Yves Loriot pour la transmission de ces informations et illustrations)

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